Carte blanche – festival du film brésilien de Paris

Dans cette carte blanche qui m’a généreusement été accordée par Katia Adler et l’association Jangada, j’ai souhaité rendre hommage – à travers quatre films – à ce qui me paraît comme essentiel dans le cinéma brésilien contemporain, tout en le mettant en perspective avec des phénomènes importants de son histoire.

Ainsi, une première séance sera consacrée à deux mouvements phares du modernisme brésilien des années 60-70, le Cinema Novo et le Cinéma marginal. Du premier, on verra Couro de Gato (1962) de Joaquim Pedro de Andrade, un court-métrage génial qui, en douze minutes à peine, exprime toute la tragédie de la misère sociale au Brésil. Suivi par O bandido da luz vermelha (Le bandit de la lumière rouge, 1968) de Rogério Sganzerla, chef-d’œuvre du cinéma marginal, à la fois un polar et une œuvre excentrique frôlant le surréalisme qui fait aussi résonner les ambiguïtés politiques de son temps.

A travers A Hora da estrela (L’heure de l’étoile, 1985) de Susana Amaral, je tiens à saluer la force  du cinéma de femmes au Brésil qui à l’époque de la réalisation de ce film était très minoritaire, et qui se développe ces dernières années d’une manière significative. La place de la femme dans une société patriarcale est ici questionnée à la lumière des rapports de classe et de races au Brésil, à travers ce bouleversant personnage de Macabea imaginé par l’écrivaine Clarice Lispector et subtilement mis en image par Amaral.

Enfin, Trabalhar Cansa* (Travailler fatigue, 2011) de Juliana Rojas et Marco Dutra est un fascinant ovni témoignant de l’importance actuelle du cinéma de genre au Brésil. Les codes du cinéma fantastique et du film d’horreur sont ici utilisés comme des moyens subversifs afin de mieux pénétrer la réalité sociale brésilienne. Cette présence du cinéma de genre est un phénomène significatif car permettant aux auteurs brésiliens les plus exigeants d’atteindre le grand public, comme l’ont prouvé récemment Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles  avec leur explosif Bacurau* l’un des grands succès commerciaux de 2019.

Ariel Schweitzer (critique et membre de la rédaction des Cahiers du cinéma)



* Avec un grand regret nous vous informons que  nous n’avons pas réussi à avoir les droits du film pour la plate-forme.


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